Interview avec Evasio Murenzi
https://archivesshsb.mb.ca/link/archives190578
- Fonds / Collection
- Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
- Description Level
- Document
- Document Type
- documents sonores
- Date
- 1 mai 2017
- Scope and Content
- Cette interview de Evasio Murenzi par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Evasio est né à Kigali au Rwanda. Il a été élevé par la famille de son père, sa tante surtout parce que son père ne pouvait pas l'élever tout seu…
- Date
- 1 mai 2017
- Document Type
- documents sonores
- Fonds / Collection
- Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
- Description Level
- Document
- Fonds No.
- 0001
- Series
- Histoire orale sur l'immigration
- Reference No.
- W0704
- Creator
- Intervieweur : Michel Boucher
- Physical Description
- document sonore : format wave; min.
- History / Biography
- Ce document a été produit dans le cadre du projet d'histoire orale géré par la Société historique de Saint-Boniface documentant l'immigration dans les communautés franco-manitobaines et métisses.
- Language(s)
- Français
- Scope and Content
- Cette interview de Evasio Murenzi par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Evasio est né à Kigali au Rwanda. Il a été élevé par la famille de son père, sa tante surtout parce que son père ne pouvait pas l'élever tout seul. À l'âge de 5 ans, ils se sont réfugiés au Congo où il a changé de famille mais toujours du côté de son père. Il a aussi vécu avec des familles étrangères. Au Congo, ils changeaient de région en région et par la suite il a été réfugié au Burundi. En 1972, il y a eu des problèmes dans ce pays et il est retourné au Congo. Dans ce pays il a été réfugié dans un camp pendant 3 mois mais il a été récupéré par la famille de son père. L'ironie était qu'au Congo il était réfugié dans son propre pays. Il y avait des écoles de survie c'est-à-dire que certains intellectuels organisaient des classes en plein air. Quand il pleuvait c'était congé. Il se souvient que chaque élève avait une pierre qui servait de banc d'école. Il aimerait retourner voir si l'arbre sous lequel on donnait les classes est toujours là. À l'adolescence ce n'était pas beaucoup mieux parce qu'il n'avait pas de nationalité. Il n'a jamais même eu de carte d'identité Rwandaise. Au Congo, il a dû apprendre une autre langue et apprendre à se protéger en tant qu'enfant. Il souligne qu'en tant que réfugié il parlait peu pour ne pas être identifié parce que c'est la langue qui t'identifie. Ils ont l'impression que les gens de la place les voient comme une menace parce qu'ils sont perçus comme des gens qui sont là pour prendre leurs terres et profiter de leurs services. Les réfugiés ne se sentent bienvenus à nulle part. Le français était la langue d'enseignement. Quand il est arrivé ici il avait terminé deux ans d'université au Burundi. Un jour il est allé à l'ambassade des États-Unis. Il a rencontré une employée qui lui a suggéré de songer à immigrer. Il est allé faire demande au haut commissariat des Nations Unies et on lui a donné comme choix, le Canada, les États-Unis, l'Australie et les pays Scandinaves. La plupart voulaient aller aux États-Unis mais on lui a suggéré le Canada et en particulier Winnipeg, une ville qu'il ne connaissait pas du tout. Il avait entendu parler du Québec, de Toronto et de Vancouver. On lui a expliqué que presque tout se passait en anglais. La conseillère lui a dit que le Canada était le meilleur pays où aller. Il a commencé à apprendre l'anglais là-bas mais c'était l'anglais Britannique. Certaines expressions n'étaient pas du tout les mêmes. Il a donc dû apprendre du nouveau vocabulaire. Sa demande d'immigration a été acceptée mais n'a pas pris sa décision tout de suite puisque pour lui c'était comme un rêve. Mais un jour il prit l'avion. Il n'avait que très peu de vêtements. Il est arrivé à Winnipeg en septembre. Il ne faisait pas froid mais il a un vif souvenir de sa première tempête de neige environ deux ans plus tard et il pensait que c'était la fin du monde. Il a été accueilli par un agent d'immigration qui portait une pancarte sur laquelle il y avait son nom. Il était venu ici avec un passeport de réfugié des Nations Unies qui lui donnait le droit à des services. Au bout de 3 ans il pouvait demander la citoyenneté canadienne. À ce moment là il ne connaissait pas l'existence de Saint-Boniface. Ne connaissant personne il dut tracer son chemin. Il s'est donc lancé dans des cours d'anglais. Le gouvernement lui donnait un peu d'argent pour son loyer et sa nourriture. Au bout d'un an il a trouvé du travail au salaire minimum qui était de 4 $ dollars l'heure à l'époque. Il se sentait riche. Son premier travail a été en tant qu'agent de sécurité dans le Winnipeg Square. C'était épeurant. Il travaillait la nuit et durant la nuit les sans-abris et les gens ayant une dépendance à la drogue se trouvaient là. Il devait travailler la nuit parce qu'il prenait des cours le jour. Il s'en est bien sorti. Au bout de trois semaines il a décidé d'aller se trouver un appartement. Il voulait demeurer au centre-ville et a trouvé un logement sur la rue Carlton près du Golden Boy qui est devenu son point de repère quand il se perdait. Les choses ont ensuite évolué; il a éventuellement travaillé le jour au Winnipeg Square. Environ deux ans après son arrivée, une famille est passée et on se parlait en français. Il les a approchés et cette famille lui a appris qu'il y avait une communauté francophone à Saint-Boniface et même un Collège universitaire. Il a donc traversé le pont. Quand il a commencé à prendre des cours au Collège de Saint-Boniface il était le seul noir dans sa classe. Il s'est taillé une place à Saint-Bonifac mais a continué à vivre au centre-ville et y vit toujours. Une fois ses études terminées il a trouvé un emploi au Mount Carmel Clinic. Il est entré en contact avec cette clinique lorsque sa conjointe lui a dit qu'il devait affronter son passé de réfugié. Elle lui a donc proposé d'aller voir un psychothérapeute. Au bout de quelques rencontres ce dernier lui a proposé de prendre des cours qui pourraient mener à un emploi pour qu'à son tour il puisse conseiller d'autres réfugiés. Quand il a commencé à prendre le programme il a découvert la thérapie du counseling. Ses cours lui ont permis de se découvrir. Il a donc obtenu un poste à la Clinique. Il conseillait des réfugiés venant de pays ravagés par la guerre et il a aussi conseillé des aborigènes. Les amis qu'il s'est fait à l'université lui ont permis d'apprendre qu'il y avait des différences culturelles entre les villages. Ce qu'il a d'abord appris au Canada est qu'il devait être honnête. Il aime beaucoup travailler auprès des jeunes de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) puisqu'il peut leur montrer que la diversité est une bonne chose. Il leur parle de l'immigration et leur rappelle que les premiers colons au Canada ont connu les mêmes difficultés d'adaptation à leur nouveau pays. Il a approché Maryvonne à l'école Taché pour lui offrir ses services; elle lui a expliqué qu'elle devait en parler à la direction générale avant de pouvoir l'embaucher. On lui a demandé de faire une offre. Il leur a proposé un programme de communication basé sur la diversité interculturelle et la DSFM lui a offert un contrat. Il a donc fait un essai de quelques semaines avant de décider de quitter la Clinique pour travailler dans les écoles. Son rôle est d'établir des liens de communication entre les familles, les élèves et l'école. Il rappelle que même si on parle la même langue, on pense culturellement. Il doit se mettre dans la peau de ces enfants, leurs familles et le personnel de l'école. Aussi sa relation avec la direction doit en être une de confiance. Les enseignants demandent son aide lorsqu'ils veulent communiquer avec un parent au sujet de leur enfant et qu'ils ne répondent pas. Il doit d'abord établir une relation de confiance avec la famille. Il travaille dans les écoles de la ville, Noël-Ritchot et même Gabrielle-Roy. Les situations sont différentes à l'élémentaire et au secondaire et il est très sensible aux coutumes des différentes cultures. Il ajoute que même s'il est ici depuis plus de 30 ans on se moque et on rit encore de son anglais. Il ajoute que dire bonjour aux gens est très important pour lui. Il a deux filles et son ancienne épouse était canadienne. Ses filles sont très canadiennes et même parfois elles lui reprochent certaines de ses anciennes habitudes. Il apprend donc d'elles. Il est étonné de la confiance que les gens lui font. Pour ce qui est du climat il n'aime pas le temps nuageux mais le froid ne le dérange pas trop pourvu qu'il y ait du soleil. Il préfère le froid aux tornades.
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Interview avec Evasio Murenzi
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