Interview avec Youssef Bezzahou
https://archivesshsb.mb.ca/link/archives190637
- Fonds / Collection
- Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
- Description Level
- Document
- Document Type
- documents sonores
- Date
- 23 mai 2017
- Scope and Content
- Cette interview de Youssef Bezzahou par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Youssef Bezzahou est né au Maroc et il a grandi à Cassablanca; il est le dixième dans une famille de 11 enfants. Il a fait ses études primaires…
- Date
- 23 mai 2017
- Document Type
- documents sonores
- Fonds / Collection
- Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
- Description Level
- Document
- Fonds No.
- 0001
- Series
- Histoire orale sur l'immigration
- Reference No.
- W0707
- Creator
- Intervieweur : Michel Boucher
- Physical Description
- document sonore : format wave; 1 h 12 min.
- History / Biography
- Ce document a été produit dans le cadre du projet d'histoire orale géré par la Société historique de Saint-Boniface documentant l'immigration dans les communautés franco-manitobaines et métisses.
- Language(s)
- Français
- Scope and Content
- Cette interview de Youssef Bezzahou par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Youssef Bezzahou est né au Maroc et il a grandi à Cassablanca; il est le dixième dans une famille de 11 enfants. Il a fait ses études primaires et secondaires dans cette ville et a aussi fait des études menant à un doctorat à la Sorbonne en France. Par la suite il est retourné au Maroc pour se marier. Durant ses études en France, il a intégré la fromagerie BEL qui produit entre autre La Vache qui Rit. Cette fromagerie avait une succursale au Maroc. Son père était entrepreneur dans le domaine de la construction et sa mère était femme au foyer. Il est très reconnaissant de la bonne éducation qu'il a reçue de ses parents durant son enfance. Il vivait dans une famille traditionnelle. Généralement quand les garçons se marient ils restent dans la grande maison paternelle mais les filles vont vivre dans les familles de leurs maris. Dans son cas, il a décidé de poursuivre ses études. Il est le seul de sa famille à avoir quitté le Maroc. Il a connu une bonne enfance et manquait de rien, mais ses parents ne les gâtaient pas. L'école a commencé à l'âge de 6 ans précédé de programmes pour les enfants de 4 et 5 ans. Il a reçu une formation bilingue, Français-Arabe. Il a eu accès à une école militaire où l'enseignement était stricte. Au secondaire, il est passé dans une autre école, un peu plus lointaine. Il devait se déplacer à la marche pendant environ une heure pour s'y rendre. Souvent, il pleuvait beaucoup en hiver. À partir du brevet il devait se spécialiser après avoir eu une formation générale. Il a choisi la voix des sciences expérimentales qui était un mélange de sciences et de littérature, géographie, etc. Il n'y avait pas de marquage religieux même si le pays était musulman. La religion se limitait à un cours. Ses parents étaient musulmans et leur enseignait les grands principes de la vie et les grandes coutumes de leur religion tel le Ramadan. Dans sa famille la religion faisait partie de l'identité sociale mais n'était pas une affaire politique ou de conflit. L'amour, le respect et le partage étaient au centre de l'éducation qu'ils conféraient à leurs enfants. Le Maroc est un royaume qui assure une stabilité. C'est une société où il y a beaucoup de tribus et le roi est le roi de tout le monde. Encore aujourd'hui c'est un pays qui a une stabilité. Dans d'autres pays arabes il y eu des situations beaucoup moins stables. Une fois son secondaire terminé il est allé à l'université pour faire des études poussées en mathématique. Au bout d'un an il a quitté cette voix pour aller dans les sciences de la gestion où il a découvert la comptabilité. Il a fait une maîtrise au Maroc et à Bruxelles. Il a par la suite décidé d'aller à Paris pour faire son DEA et par la suite son doctorat. Durant les étés il revenait travailler dans l'entreprise familiale au Maroc. Durant ses études à la Sorbonne il a poussé ses études en finance. Il est ainsi devenu le directeur financier adjoint de la succursale au Maroc. Il n'avait fait qu'une année d'études pour son doctorat et voulait continuer. Il a donc conclu une entente avec son directeur de thèse. Un an et demi plus tard il est devenu directeur de l'entreprise au Maroc. La fromagerie BEL était très industrielle et les contacts n'étaient pas avec des agriculteurs mais plutôt des fournisseurs. Avec 400 employés il fallait gérer des cas de ressources humaines. C'était donc un emploi très exigeant mais qu'il aimait beaucoup. Il a fait ce travail pendant 9 ans. Il n'avait pas encore dans l'idée de venir au Canada mais il trouvait que le système d'éducation se détériorait au Maroc. Ses deux premiers enfants avaient commencé l'école et lui et sa femme ont constaté qu'il y avait de nombreux problèmes dans le système d'éducation du Maroc. Youssef et sa femme ont donc commencé à discuter de la possibilité d'aller ailleurs. La réflexion a duré environ un an et demi. Ils ont rencontré un avocat-conseil. Il a présenté son profil et ses attentes et on leur a suggéré que le Canada serait le pays idéal. Il n'a jamais voulu retourner en France. Cet avocat-conseil qui était installé à Montréal lui a suggéré de déménager à Winnipeg. Il lui a expliqué que c'était une ville anglophone avec une petite communauté francophone. Il est venu y passer environ deux semaines en vacances et a immédiatement aimé la ville. Youssef est arrivé à Winnipeg avec sa famille en juillet 2000. Ils ont inscrit les enfants à l'école Taché et ont beaucoup apprécié l'accueil. Son premier emploi a été à la Société franco-manitobaine au service 233-Allô. Côté professionnel il lui fallait une désignation canadienne pour pratiquer son métier de comptable. Il a fait des démarches pour devenir comptable général agréé. On a reconnu la plupart de ses cours et après avoir pris 2 ou 3 cours, il et devenu CGA. Par la suite, il a suivi d'autres cours pour obtenir sa désignation CMA. Durant ses cours une collègue l'a informé qu'il y avait des postes d'analystes financier à Agrifood Canada où il a obtenu du travail à la pige. En 2002, il a obtenu un poste à l'université de Saint-Boniface. Ils sont arrivés au Canada avec la désignation de résident permanent. Ils avaient tous les droits sauf ce qui était relié aux élections. Au bout de quelques mois il était à l'aise ici. La clé selon lui c'est d'accepter les règles et de s'adapter. Après un an à Agrifood il obtient un poste d'enseignant en comptabilité à l'École technique et professionnelle à l'université de Saint-Boniface. C'était un poste à temps plein régulier qui a mené à une permanence 3 ans plus tard. Cette année il est devenu professeur agrégé. Depuis son arrivée au Collège universitaire de Saint-Boniface la clientèle a beaucoup changé. Il est très heureux que cette institution soit devenue une université à plein titre. Ses enfants ont fait l'école Taché et le Collège Louis-Riel. Son aîné étudie en médecine à l'université d'Ottawa, sa fille poursuit ses études universitaires et son troisième est à l'université de Saint-Boniface. Son dernier est au Collège Louis-Riel. Il est heureux du choix que lui et sa femme ont fait pour leurs enfants et que ceux-ci font leur place dans un système universitaire canadien de haute qualité. Son épouse est auxiliaire à l'école Taché et aime aussi son travail. Ses frères et soeurs au Maroc n'ont jamais quitté leur pays ou visité ici. Cependant certains neveux et nièces sont venus en visite. Youssef et sa famille retournent au Maroc à tous les 3 ans environ. Il aime son pays natal mais aujourd'hui son pays est le Canada. Certains de ses enfants sont nés au Maroc et d'autres ici mais ça n'a causé aucun problème pour obtenir la citoyenneté. Il estime que la clé du succès d'une immigration réussie est de ne pas se donner de fausses attentes que ce sera facile. Il faut que la personne qui arrive ici accepte qu'il y aura des sacrifices mais qu'avec de l'effort c'est possible de bien faire sa vie ici tout en respectant les règles de la société. Il termine en disant que c'est le devoir des nouveaux arrivants de maintenir l'héritage canadien à un haut niveau et qu'ils peuvent faire leur part et prendre leur place.
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Interview avec Youssef Bezzahou
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