Collection générale de la Société historique de Saint-Boniface
Description Level
Document
Physical Description
document sonore : format wave; min.
Scope and Content
Cette interview de Patricia Bitu Tshikudi par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Patricia est née en République démocratique du Congo. Son père était ingénieur-agronome et assez tôt dans sa carrière il a eu l'occasion d'aller enseigner au Gabon et c'est ainsi que Patricia et ses soeurs sont allées vivre une partie de leur enfance dans ce pays. Elles rentraient à Kishasa pour les vacances. Elle est la deuxième d'une famille de 5 filles et 2 garçons. Les deux plus jeunes sont nés au Canada. La famille vivait une vie assez tranquille au Gabon. En 1993, la famille est retournée au Congo. C'est à ce moment là que ses parents ont décidé de venir au Canada à cause de l'instabilité politique. Le tout s'est déroulé rapidement. Sa mère, elle-même et ses trois soeurs ont quitté le pays en tant...
Ce document a été produit dans le cadre du projet d'histoire orale géré par la Société historique de Saint-Boniface documentant l'immigration dans les communautés franco-manitobaines et métisses.
Language
Français
Scope and Content
Cette interview de Patricia Bitu Tshikudi par Michel Boucher a été faite dans le cadre du projet d'histoire orale documentant l'immigration au Manitoba français. Patricia est née en République démocratique du Congo. Son père était ingénieur-agronome et assez tôt dans sa carrière il a eu l'occasion d'aller enseigner au Gabon et c'est ainsi que Patricia et ses soeurs sont allées vivre une partie de leur enfance dans ce pays. Elles rentraient à Kishasa pour les vacances. Elle est la deuxième d'une famille de 5 filles et 2 garçons. Les deux plus jeunes sont nés au Canada. La famille vivait une vie assez tranquille au Gabon. En 1993, la famille est retournée au Congo. C'est à ce moment là que ses parents ont décidé de venir au Canada à cause de l'instabilité politique. Le tout s'est déroulé rapidement. Sa mère, elle-même et ses trois soeurs ont quitté le pays en tant que réfugiés et son père est demeuré là-bas pendant environ quatre ans. Elle avait fait l'école d'abord au Gabon et ensuite au Congo. C'étaient des écoles où l'on faisait beaucoup de par coeur basé sur le système français. C'était assez stricte avec parfois des coups de chicotte. Elle était une petite fille gênée. Réinstallés au Congo il y avait de l'instabilité sous le régime Mobutu. En 1995, les choses ont empiré. Ils sont partis assez rapidement et les enfants ne l'ont appris que la veille de leur départ. Elle avait 10-11 ans. Elle n'avait aucune idée de ce qu'était le Canada. Elle est partie avec sa mère enceinte et ses trois soeurs à titre de réfugiées. Son père ne pouvait pas quitter le pays. Elles ont d'abord atterri aux États-Unis chez des gens dont ils ne comprenaient pas la langue. De là, elles ont pris un autobus vers une autre ville pour rejoindre des amis de la famille. De là, elles ont pris un taxi pour se rendre à la frontière. Sa mère a parlé longtemps avec les autorités avant de prendre un autobus qui les a conduit à un YMCA de Montréal où la famille est demeurée pendant quelques semaines. À un moment donné sa mère a pu entrer en contact avec des amis de son père à Montréal. La famille a pu obtenir le bien-être social et on devait trouver un appartement. Elles sont demeurées chez les amis de son père pendant un mois dans une famille où il y avait aussi quatre enfants. Un jour sa mère leur annonce qu'elle a trouvé un appartement dans le quartier Ville-Émard. Le propriétaire a été très gentil envers eux. Il les a orienté vers le Service de bienfaisance jeunesse au soleil. C'est à cet endroit qu'elles pouvaient aller chercher des vêtements. Il leur a aidé à trouver des meubles et sa mère a inscrit Patricia et ses soeurs à l'école. Il y avait aussi une assistante sociale qui aidait avec certaines démarches administratives. Dans les premiers temps elles n'avaient même pas de matelas. Elle se souvient qu'elle et ses soeurs marchaient dans les rues pour tenter de trouver des meubles que les gens jetaient. Une fois l'école commencée elles ont commencé à découvrir ce quartier où il n'y avait que des enfants blancs. Elles sont arrivées au mois d'août mais elle se souvient qu'il faisait froid. À l'école, elle était timide et elle ne comprenait rien à cause de l'accent. L'adaptation a donc été difficile. Avec le temps son oreille s'est habituée à l'accent et elle et ses soeurs ont même commencé à l'imiter. Elle accompagnait sa mère partout pour faire les courses pour procurer des vêtements et de la nourriture chez les organismes de bienfaisance. Pendant cette première année à l'école elle avait eu peu d'amies sauf pour une fille qui avait fait des efforts pour l'inclure dans des projets. Rappelons que sa mère était arrivée enceinte au Canada. Un matin, sa grande soeur lui apprend que sa mère est allée à l'hôpital durant la nuit. Elle avait pris le taxi et dit à sa grande soeur de dire aux autres d'aller à l'école comme d'habitude. Sa mère devait faire des démarches à la suite de la naissance de sa petite soeur donc souvent elle et ses soeurs devaient s'occuper du bébé. Aussi, pour aider leur mère elles devaient faire le ménage et laver leurs vêtements parce qu'il n'y avait pas de laveuse. Pendant tout ça elle n'ont pas vu leur père pendant 4 ans. Ce n'est que 2 ans et demi après leur arrivée au Canada que sa mère a eu des nouvelles qu'il était bien au Zaire. Son père a commencé à écrire des lettres mais sa mère leur disait peu. Sa mère lui demandait de l'accompagner partout lorsqu'elle devait aller remplir des papiers. Ce fut son premier contact avec le racisme et souvent c'était de la part d'employés du gouvernement. Elle ne sait toujours pas comment sa mère se débrouillait pour trouver ses infos. Toujours timide elle se retrouve dans une classe d'Espagnols où le prof était très ouvert. Elle a découvert qu'elle pouvait chanter et petit à petit s'est davantage intégrée au groupe. Malgré tout ça elle a aimé son temps à l'école. La famille est demeurée dans l'appartement pendant plusieurs années donc il y avait une certaine stabilité. Après deux ans et demi la famille apprend que leur père va bien et au bout de trois ans et demi sa mère leur apprend qu'il allait peut-être venir bientôt. Sa première visite n'a duré qu'un mois et demi. Patricia et ses soeurs s'étaient habituées à leur nouvelle routine et elles ont constaté que leur père n'avait aucune notion de la culture d'ici. L'année suivante il est revenu au Canada de façon permanente. Quand il est arrivé la famille a déménagé dans un appartement plus grand. Elle se souvient très bien de son premier emploi d'été durant son secondaire. Sa mère leur a donné la permission d'aller travailler pour cueillir des fraises et des légumes dans des champs; ça permettait d'avoir un peu d'argent. À 16 ans elle a obtenu un poste au MacDonald, un endroit où elle n'avait jamais mis les pieds parce que sa mère n'en avait pas les moyens. On l'a embauchée comme caissière. Elle était donc très stressée. Malgré tout ça on l'a gardé et finalement elle y a travaillé pendant 6 ans. C'est au MacDonald qu'elle a appris à comprendre la culture québécoise et canadienne. Une fois son secondaire terminé elle devait aller au CEGEP et elle a décidé d'étudier dans le domaine des communications. Elle ne savait pas où ça allait mener. Elle a découvert qu'elle aimait parler aux gens. Elle s'est tranquillement intéressée à la politique particulièrment à ce qui se passait au Congo. Elle a donc pris un cours facultatif en journalisme. À la fin de sa deuxième année de CEGEP elle a entendu parler d'un programme de journalisme à l'UQUAM. Elle pensait avoir peu de chance à se faire accepter mais a postulé quand même. Elle songeait aussi à l'enseignement. Sa mère croyait qu'elle aurait beaucoup plus de chance de réussir avec l'enseignement. Elle a donc fait un pacte avec sa mère et a postulé aux deux facultés. Elle a été acceptée aux deux et devait donc faire un choix. Elle a choisi le journalisme et a passé des entrevues. Au début elle ne se sentait pas compétente mais a commencé à gagner de la confiance. Elle s'est alliée à d'autres pour créer une émission à la radio universitaire sur les relations entre les canadiens et les immigrants. Elle a aussi écrit pour le journal universitaire et a fait la une avec un article sur le Congo. Elle a aussi appris à naviguer à l'internet. À la fin de ses études elle devait faire un stage et elle a choisi le groupe alternative qui offrait des stages outre-mer. Elle suivit une formation de 3 mois au Canada suivi d'un stage d'un mois au Mali. Le voyage a été extraordinaire puisque c'était la première fois qu'elle retournait en Afrique. À ce moment là le Mali était stable donc les déplacements et les visites étaient plaisantes. Elle a aussi redécouvert ses racines africaines. À la fin de son stage elle a décidé de passer un mois supplémentaire au Mali. De retour de son stage elle se questionnait sur son identité et son avenir. Elle avait son diplôme mais n'avait pas de perspectives d'emploi. Sa famille l'appuyait mais l'université ne lui avait pas montré comment se trouver un emploi. Elle regardait Radio-Canada mais croyait que c'était inaccessible. Elle a trouvé un emploi comme pigiste dans un journal communautaire et est devenue bénévole dans une radio communautaire. Elle envoyait son curriculum vitae (CV) un peu partout. Un jour, une des françaises avec qui elle avait suivi son cours lui apprend qu'il y avait du travail au journal La Liberté à Saint-Boniface. Elle entre en contact avec Sylviane Lanthier. Elle a fait une entrevue et passé des tests en ligne. On lui apprend qu'on n'avait pas retenu sa candidature. Deux semaines plus tard, Sylviane la rappelle pour lui dire qu'il y a une ouverture puisqu'un journanliste avait décidé de prendre un congé d'un an. Elle venait d'une famille traditionnelle africaine et la coutume voulait que si on quittait la maison c'était pour se marier. Elle n'avait pas d'argent pour venir à Winnipeg mais ses parents ont décidé de lui payer son billet et de lui donner 200 $ dollars. À distance elle a trouvé un appartement en ligne à Saint-Boniface. Elle est arrivée le 31 août. Elle avait encore de la difficulté à parler anglais. Elle a pris un taxi et est arrivée à se faire comprendre pour se rendre sur la rue Aulneau. Ce n'était pas très beau et elle a été étonnée de découvrir que c'était dans une maison. Elle s'est donc installée dans son appartement vide, sombre et vieux. Son expérience à Winnipeg a donc commencé. Elle est allée à l'Armée du salut s'acheter une casserole et est allée travailler à La Liberté. Elle a beaucoup aimé ses 2 ans et demi au journal. Elle était journaliste et formatrice pour action médias où elle a rencontré Patrick Rey qui était à Radio-Canada. Après son séjour à La Liberté, elle a trouvé un emploi comme recherchiste et scénatiste aux Productions Rivard. Elle a beaucoup apprécié que Louis Paquin lui accorde cette chance parce qu'elle ne voulait pas vraiment retourner au Québec. Un jour elle voit que Radio-Canada cherche quelqu'un pour faire la météo et elle a donc passé l'entrevue et des tests. Elle a obtenu le poste à la météo et depuis ce temps-là ses tâches ont évoluées en tant que journaliste. Aujourd'hui elle se sent à l'aise au Manitoba.
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