Monseigneur, Je vous écris avec plaisir, au commencement de cette année, pour vous souhaiter une heureuse année et une bonne santé, pour vous remercier des bontés que votre Grâce a pour moi et pour ma famille. Le Révérend Monsieur Lacombe et Monsieur Poulin sont venus me voir le jour de Noël. Leur visite m'a fait d'autant plus de plaisir, que ces deux messieurs ne sont guère [en éta]t de voyager en égard au mauvais état de leur santé. Monseigneur, depuis que vous et Monsieur Ritchot êtes parti du Bas Canada, notre question est bien plus tranquille. Je me proposais d'écrire à certains journaux et au gouverneur général en Conseil. J'en ai parlé au Père Lacombe mais à présent je crois que je n'en ferai rien. Ma santé n'a fait que baisser depuis que je suis ici. Ce n'est pas la faute des Révérends Pères, car ils sont bien bons pour moi. et suivant votre conseil je suis resté ici sans gêne. Cependant au lieu de ménager mon argent que des personnes généreuses m'ont donné par votre entremise, j'aurais peut-être dû l'employer à me faire soigner. Je le conservais pour les dépenses que j'aurai à faire, nécessairement avant longtemps. Mais voici que je suis réduit à avoir besoin des soins d'un médecin. Et comme ce que j'ai s'en ira bientôt en grande partie. Si Monsieur Ritchot revient cet hiver, j'aimerais bien qu'il essaye à vendre la terre de 12 chaînes que j'ai à la Pointe à grouette. Monseigneur, s'il y avait des élections générales, permettez-moi de demander encore votre Puissant concours et votre bénédiction. Monseigneur, s'il vous plaît bénissez-moi. Et daigne le ciel avoir pitié de moi, car je suis seul et pauvre. De votre grâce Le très humble serviteur Louis Riel