Monseigneur, Je connais un peu le résultat des élections. C'était ce qui me préoccupait davantage. Dieu n'a pas détourné de nous sa bonté. Au lieu des McDougall, Monsieur Archibald! Au lieu de méchants, ennemis du pays, ce bon nombre d'honnêtes gens, nos amis! Au lieu d'un Schultz joyeux de ses sourdes menées, un schultz plein de dépit, dégradé, mégrisé presqu'autant qu'il est méprisable! Quels changements en notre faveur! Ensuite combien de dangers auxquels nous avons eu le bonheur d'échapper! Depuis l'arrivée des troupes que de craintes que de travaux et de peines votre grandeur n'a-t-elle endurés. Ces craintes et ces peines j'ai pu les partager, ce qui me met plus à même de connaître ce que vous avez dû souffrir. Mais aujourd'hui vous avez sans doute quelque récompense dans le succès que le peuple a remporté aux élections et les espérances que cela vous donne pour l'avenir. Les efforts que votre grandeur a faits pour sauver la situation ont triomphé. En cela je remercie votre grandeur. A vous doivent s'adresser bien des félicitations au sujet de la bonne représentation que les Métis vont avoir. Monseigneur, mes idées ont quelquefois différé d'avec les vôtres. Elles ont différé sans être contraires, et dès lors que les vôtres aboutissent assez à notre bien, je suis satisfait, oui je suis satisfait. Et je prie Dieu de vous récompenser. En disant cela, je fais mon devoir et je fais cette part-là avec bonheur. Dieu m'aide à supporter le reste. Mais quoi! Pardon, Monseigneur, rien de pénible ne devrait même paraître par un mot, lorsque dans cette lettre, chaque ligne a besoin d'être remplie du souvenir de vos bienfaits. L'autre jour, en pensant au passé ne pouvant contenir mes sentiments de respect et de reconnaissance, j'ai écrit à Madame Taché. J'espère que sa santé durera encore longtemps pour votre bonheur et la joie de ceux qui vous sont attachés. Monseigneur, j'écris à votre grandeur par la bonne occasion de Paul et mes autres cousins Nanin et Benjamin Ils sont pressés. Je ferme ma lettre en priant de me croire De votre grandeur Le très humble enfant et serviteur Louis Riel