The Metis nation made me its chief and retained me for three years; despite obstacles it elected me to represent Provencher; I thank it and its clergy; God will reward it for its fidelity; the cause grows; in 1869 they wished to extirpate us but it was necessary to give us guarantees; since the transfer we have been betrayed but the cause has extended to the Rocky Mountains; since 1873 they thought they could destroy the cause by arresting the leaders; they have persecuted me, declared me outside the law, expulsed me from Parliament; now the French Canadian people champion the cause; I ask the magnaminity of Quebec, its Archbishop and clergy; I thank the Nouveau Monde and the member for Hochelaga for defending our rights; I thank the Liberal party, despite the indifference of its leaders, for defending the cause of a complete amnesty when it was in opposition, and pleading in our favour since it came to power; I thank the Conservative party for defending us although its chiefs treated with us have let us be persecuted; the two parties of Lower Canada have been generous and each furnished a man devoted to the cause - Rodrique Masson and Dr. E. P. Lachapelle.
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A la Nation Métisse Et au peuple canadien français Voilà six ans que la petite mais généreuse nation métisse m'honore de sa confiance. Elle m'a porté à la tête de son gouvernement durant la crise de 1869-70. Elle m'a retenu comme son chef durant les trois années de persécution qui ont suivi le transfert, jusqu'à l'arrestation de Monsieur Lépine en 73. Et depuis lors, nonobstant les plus grands obstacles, elle m'a élu son représentant dans le beau District de Provencher, trois fois en moins de 11 mois. Je la remercie: bien spécialement son noble clergé et ses courageux principaux hommes. Pendant ces trois différentes phases d'une grande épreuve, la nation métisse n'a voulu, pour rien au monde, abandonner ses chefs, dévoués sans doute, mais soumis par un gouvernement traître à toutes sortes d'humiliations et de misères. Dieu la récompensera de sa fidélité et de sa constance. Malgré les échecs, la cause métisse grandit sans cesse. En 69-70, on a voulu nous extirper de notre sol. Et le résultat a été qu'il a fallu nous donner les guaranties de notre avenir; les arrangements et l'acte du Manitoba. Depuis le transfert jusqu'aux arrestations de 73, on nous a trahis; on s'est appliqué à étouffer nos protestations. Mais notre cause s'est refoulée dans l'immense territoire du nord-ouest. Elle s'est implantée aux pieds des montagnes rocheuses et sur les bords des grands lacs du nord. Depuis l'automne de 73, on a pensé pouvoir amortir la cause en arrêtant les chefs métis; on m'a persécuté, mis hors de la loi, expulsé du Parlement, plutôt que de proclamer l'amnistie convenue, et plutôt que de me laisser arriver librement à Ottawa, pour y confronter nos prétentions avec celles du minitère. Mais ces procédés iniques ont donné, tout de bon, l'éveil au peuple Canadien français. En éclatant, la trahison s'est fait connaître. Et voilà maintenant le Bas-Canada assez au courant de notre cause pour la défendre comme il faut. Elle triomphera. Je prie la magnanime province du Québec, son Archevêque, ses évêques, ses prêtres, ses citoyens de tous les rangs et d'ailleurs tous ceux qui sont nos amis d'agréer nos meilleurs sentiments de reconnaissance. Je remercie le journal «le Nouveau-Monde,» et l'Honorable membre fédéral pour Hochelaga d'avoir, suivant leur programme élevé, défendu nos droits envers et contre tous les partis. Je remercie le parti libéral d'avoir, malgré l'indifférence de ses chefs, défendu vigoureusement la cause de l'amnistie complète lorsqu'il était dans l'opposition et depuis qu'il est monté au ministère, d'avoir plaidé souvent encore en notre faveur. Aujourd'hui ses sympathies pour nous ont beau être voilées, au fond elles sont toujours les mêmes. Ce parti n'est accablé, sa situation n'est devenue fausse que par les visées personnelles et la faiblesse morale de ses chefs. Quant au parti conservateur, je le remercie d'avoir pris aussi, lui, notre défense, alors que ses chefs à Ottawa faisaient semblant de ne pas avoir traité avec nous, nous laissaient persécuter et travaillaient contre nous. A présent, la disparition des hommes qui l'ont mal mené laisse le parti conservateur libre d'agir: Son grand dévouement se montre et il va nous être d'un secours incalculable. Les deux partis politiques du Bas Canada, entre beaucoup d'amis très généreux dont je me souviendrai toujours, ont fourni surtout chacun un homme, on ne peut plus dévoué à la cause du peuple métis. D'un côté c'est Monsieur Rodrigue Masson et de l'autre, Monsieur le Dr E.P. Lachapelle. Monsieur Masson, quand ses chefs empêchaient notre cause de se faire jour dans le Bas Canada, M. Masson n'a pas craint de s'élever en plein parlement pour arrêter le torrent de l'opinion publique ontarienne acharnée contre nous. Les services que Monsieur le Dr Lachapelle, en demeurant dans le cercle modeste de la vie privée, nous a rendus en politique et autrement, sont grands et inestimables. Leur manque de publicité ne me laisse peut-être que plus à même d'y bien voir la droiture et tout le coeur qui les ont inspirés. J'ai l'honneur d'Etre avec un grand respect et beaucoup d'attachement votre humble serviteur. LOUIS RIEL