I finally got here; no doubt you have had news; your letters have kept me informed; our cause has made progress; the violation of the treaty of 1870 by Canada has gained us sympathy; all Quebec has joined us; our cause agitates the Confederation; the House expulsed me in an arbitrary and unjust manner; our enemies hoped to stamp out the cause; more than ever it is necessary to agitate constitutionally; we must have twelve electoral divisions in the next provincial election; could you and Royal take this up; I have made known your work for the cause; some have been reserved but I do not blame them; if you protest against the cutting up of the electoral divisions I will protest against the injustices done; lacking the amnesty and responsible government we are not free; we were left to the mercy of the Orangemen; are our officers in the new regime any less detested than those of the Provisional Government; Monseigneur, Ritchot and Lestanc are ill treated; I said to our friends in Canada that Clarke was threatened many times because he was not openly against us; that Royal had been burned in effigy in Winnipeg, because he had pleaded against the cutting up of our parishes, that Girard was hated because he became one of our representatives; that Cunningham was burned in effigy when he was elected by us, that you had been threatened and how Dr. Bird had been treated for supporting our measures; we are not free because we are governed by Canada; as to responsible government I said that the Lieutenant-Governor trespassed against the Constitution in forming a ministry and did not allow the people to exercise their right of approval or disapproval through an election; that our Parliament has no control over the Executive; that the loss of several electoral divisions followed; when I saw that the Governor wished to maintain Beauchemin in St. Vital I understood what Monseigneur, Ritchot had already grasped, that Royal and you understood in 1872 that the favourable moment to demand the re-election of ministers had not arrived; I argued the question of responsible government with our friends in French Canada and le Nouveau Monde published an article; now that sympathy with our cause is so great if we demand the amnesty, responsible government and protest against the cutting up of our parishes we will carry the day.
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Mon cher Monsieur et ami, Je te dois réponse et réponse. Je m'y mets enfin. J'ai voyagé du Canada ici, assez heureusement, Dieu merci. Sans doute Monsieur le Curé de St Norbert t'aura dit bien des nouvelles. Quand tu m'as écrit l'hiver passé après mon élection, j'étais à Montréal. Cette lettre et celles que tu m'avais écrites précédemment depuis mon départ de la R. R. m'ont beaucoup aidé à faire connaître les détails de notre situation Politique. Tu l'as vu par les journaux et le Dr Lachapelle te l'a dit, nous avons tâché de travailler de notre côté pendant que vous travailliez énergiquement du vôtre. Le fait est que notre cause a fait du chemin. Quand je pense que l'automne de 69, nous avons commencé à défendre nos droits avec une poignée d'hommes; que peu de mois après, déjà la moitié de la colonie était de la partie; qu'au mois de Mars 1870 toute la colonie corroborait activement notre oeuvre; que 8 mois après l'ouverture sérieuse de la lutte, nous obtenions la sanction de tous nos droits, par un traité devenant loi. A la vérité, nous avons souffert que ce traité fût violé, mais encore cette violation du traité par le Canada a rangé de notre côté peu à peu les sympathies du nord-ouest, de sorte qu'aujourd'hui toute la population métisse Canadienne de Manitoba et du nord ouest se comprend sans avoir eu de communications régulières et bien expresses entre ses différents groupes. Bien plus, Tout Québec Maintenant plus que jamais a pris fait et cause avec nous. Je puis presque le dire, notre cause agite la confédération canadienne d'un océan à l'autre. Elle gagne donc, tous les jours, il n'y a pas à s'y méprendre. La chambre m'a expulsé. La rage et le fanatisme qui en voulaient à ma liberté et à ma vie n'ont pas pu faire plus qu'annuller mon élection, en votant mon expulsion de la manière arbitraire et injuste que tu connais. Mais vous en m'élisant et moi en faisant ce que j'ai fait nous avons créé sur le gouvernement et tout le peuple une pression très avantageuse à notre cause. Nos ennemis ont voulu me nuire, étouffer la cause. Ils ont intercepté ma marche, mais pas la marche de la cause. Des événements ont eu lieu qui éclairent l'opinion. En même temps le flot des sympathies pour nous s'est trouvé gonflé. Et le flot les menace. Voici le temps venir où ils ne pourront plus y résister. Il faut du calme, point de trouble. Mais je crois qu'il faut plus que jamais agiter constitutionnellement toute la question de nos arrangements avec le Canada. Quant à ma réélection, vous qui voulez bien me la procurer, je vous en remercie. Et soyez sûrs que je la recherche cette ré-élection avec une ardeur toujours égale, pour le profit, pour le triomphe de notre cause. Une chose, il me semble, contre la quelle il faut réclamer et protester par assemblées publiques dans toutes nos paroisses Métisses Canadiennes, c'est le morcelement de nos 12 divisions électorales. A tout prix, il faudrait que nous avions nos 12 divisions électorales aux prochaines élections provinciales. Les canadiens français sont réellement affligés de voir notre influence à manitoba réduire au point où elle l'est si nous perdons définitivement les divisions électorales qu'on veut nous ravir. Il faudrait que les paroisses protestent toutes et forcent leurs représentants à voter pour le maintien de leurs constituences. S'il y avait moyen que cela se fit avant la prochaine session. Que Messieurs Royal et tous les canadiens autant que possible proclament d'accord avec toutes les paroisses Métisses canadiennes, qu'ils veulent le maintien, la conservation de nos 12 divisions électorales telles qu'Elles. Je te soumets cette idée. Je sais que tu es accablé d'ouvrage. Mais pourrais-tu avec Monsieur Royal, s'il le veut bien, t'occuper de cela. En canada, on se fie sur vous pour faire marcher les choses. J'y ai fait connaître les sacrifices et pécuniaires et autres que vous avez bien voulu vous imposer pour mon élection et mon voyage de l'automne passé. J'y ai fait connaître ce que vous avez enduré et de menaces et de persécutions pour notre cause. Quoi que certaines intrigues contre moi et certaine réserve de la part de quesques uns de mes amis m'aient été sensibles, je ne leur en ai pas fait un sujet de blâme. J'ai accusé la situation fausse qui nous est faite à tous par les trahisons du gouvernement Fédéral, d'être la cause de tous nos maux. Pour toi j'y ai fait connaître ton dévouement et tout ce que tu as enduré depuis que tu es au milieu de nous, tout ce que tu as enduré pour notre cause. En Canada, je ne me suis pas sans doute permis d'anticiper que tu ferais ceci ou cela, mais j'ai dit que si tu pouvais tu ferais avorter la loi de nos divisions électorales si défavorablement morcelées. Si tu peux aider de quelque façon les paroisses à réclamer à protester contre ce morcelement, de mon côté je suis prêt de protester contre les injustices qui nous sont faites; je protesterai au nom de mes amis politiques de Manitoba et du nord ouest. Il me semble que faute de l'amnistie et du gouvernement responsable nous n'avons pas été libres, ni constituents, ni représentants, ni le peuple, ni le parlement. Par conséquent le morcelement de nos 12 divisions électorales, le gaspillage de nos deniers publics, etc; etc sont des choses que nous n'avons pas pu contrôler; mais que nous aurions pu contrôler et empêcher si nous avions eu et l'amnistie promise et le gouvernement responsable tel que décrété par l'acte de manitoba: comment le parlement peut-il contrôler un gouvernement qui est irresponsable. Pour ma part, voici ce que j'ai dit en Canada, le gouvernement Canadien en nous trahissant au sujet de l'amnistie en 1870, a laissé, a livré à la merci des Orangistes toute la population métisse Canadienne, mais personne plus que les défenseurs des droits de cette population, soit en chambre, soit en dehors de la chambre. Les principaux officiers publics des Métis sous le gouvernement Provisoire, le Père Ritchot, le Père Lestanc ont paru d'abord et paraissent encore un peu plus haïs. Mais au fond nos officiers publics sous le nouveau régime sont-ils moins détestés par les orangistes que les membres et les hommes du gouvernement Provisoire. Monseigneur est aussi maltraité que Monsieur le curé de St Norbert le Père Lestanc et etc. Et si on n'attaque pas les représentants et les officiers publics actuels des métis aussi ouvertement que les juges de Scott, ne cherche-t-on pas tous les prétextes imaginables pour les traiter aussi durement. Si on ne les attaque pas aussi généralement, est-ce qu'on attend après autre chose que le moment favorable. J'ai montré à nos amis du canada que pendant que les principaux hommes du gouvernement provisoire étaient poursuivis, vilipandés, les principaux hommes des Métis sous le nouveau régime l'étaient également. J'ait dit que clarke avait été menacé bien des fois d'être tué tant qu'il n'a pas été ouvertement contre nous. J'ai dit que Monsieur Royal a été menacé publequement dans Winnipeg mainte et mainte fois par cela sull qu'il était un de nos représentants à redouter, que son imprimerie a été mise en feu toujours par nos ennemis en sa qualité d'un des nôtres. Et pour montrer combien nous avions perdu sans aucun (fair play) l'opposition tant énergique que possible que nos représentants ont faite au morcelement inique de nos divisions électorales, j'ai fait remarquer comme elle le méritait la proposition que le Policemen Dupont a faite en pleine ville de Winnipeg, l'automne passé de jetter Monsieur Royal dans un feu allumé sur une place publique, parce qu'il avait plaidé en Chambre autant qu'il avait pu contre le morcelement de nos comtés. J'ai fait connaître comme nos ennemis avaient traité Monsieur girard, parce qu'il m'avait la main apparemment, mais en réalité, vu qu'il était devenu notre représentant, pour le frapper autant que moi. L'imprimerie de Monsieur Cunningham incendiée le jour qu'il a été élu par nous. Et toi, j'ai montré comme Butler et tous nos ennemis t'avaient pris en aversion dès leur arrivée au milieu de nous, les menaces dont ils n'ont cessé de t'environner et finalement le coup brutal, public qu'ils t'ont porté au grand jour, en sortant de la cour, coup qui a failli t'enlever la vie, et contre lequel on ne t'a pas protégé. Le Dr Bird, goudronné, emplumé, et peu s'en est fallu assassiné pour s'être prononcé, en sa qualité d'orateur, en faveur de mes mesures que nos représentants supportaient. J'ai fait voir que généralement tous nos représentants étaient ainsi traités et que parfois le Parlement lui-même a été menacé. En réalité donc, constituents et représentants Métis Canadiens surtout, nous n'avons pas été libres depuis que nous sommes gouvernés par le canada. Quant au gouvernement responsable, j'ai dit tout simplement que le canada aurait dû l'inaugurer à Manitoba comme le stipule et le constitue l'acte de Manitoba dans sa 2ième clause telle que modifiée par la 36ième. Le Lieutenant gouverneur Canadien a péché contre l'acte de notre constitution qui est aussi l'acte de nos stipulations avec le Canada. Lorsqu'au lieu d'appeler un membre de l'assemblée Législative à former un ministère, il s'est lui-même chargé de le former en appelant directement chacun de ses conseillers. Cette manière de former un gouvernement a été cause qu'il n'y a pas eu de solidarité entre ses différents membres. Aussi a-t-il manqué d'énergie. Le Lieutenant gouverneur a encore péché très gravement contre l'acte de notre constitution qui est aussi l'acte de nos stipulations, lorsqu'après avoir appelé ses ministres de la manière inconstitutionnelle que je viens de dire, il n'a pas laissé au peuple exercer son droit d'approuver ou de désapprouver son choix, par la réélection des ministres. Ainsi 4 personnes de l'assemblée Législative, quatre de nos représentants ont été sortis de leur rôle constitutionnel pour former un Exécutif inconstitutionnel et par conséquent arbitraire, sur lequel je dis que notre parlement n'a pas pu avoir son contrôle. S'en est suivi beaucoup d'iniquités les plus importantes desquelles me paraissent être et la perte de plusieurs divisions électorales métisses Canadiennes et le gaspillage de nos revenus publics. Je crois que les ministres non réélus ne sont plus représentants. Si j'eusse été élu à St Vital après l'élection de Cartier, voilà ce à quoi je voulais travailler. Tu sais tout ce que j'ai fait pour avoir une nouvelle réélection à St Vital, mon ami Monsieur Beauchemin ayant résigné suivant les formalités de la loi provinciale. Mais quand j'ai vu que le gouverneur voulait à tout prix garder Monsieur Beauchemin, même après sa résignation, j'ai compris à mon tour ce que Monseigneur, Monsieur Ritchot avaient déjà saisi, ce que vous-mêmes, Monsieur Royal et toi aviez compris au commencement de 72, que le moment favorable de réclamer la réélection des ministres n'était pas venu. Car je vous assure que j'ai bien conservé le numéro du Métis où dans la lutte contre Clarke et girard, vous disiez aux ministres d'Alors qu'ils feraient bien mieux d'aller se faire réélire. Mais pour dire juste, j'avais hâte de me voir représentant pour agiter cette question. Il nous faut l'application des principes de notre constitution de province anglaise libre. Cet hiver, tu sais que j'ai agité la question du gouvernement responsable avec nos amis dévoués dans la presse canadienne française. Le Trois de mars, le Nouveau-Monde a sorti un excellent article là-dessus. Mon cher ami, l'absence de l'amnistie et du gouvernement responsable qui sont la cause du morcelement défavorable de nos 12 divisions électorales, et de la dilapidation de nos derniers publics se fait toujours sentir, je le sais. Mais si maintenant que les sympathies pour notre cause sont si grandes, si prononcées, si nous nous y mettions tous de concert, si tous et de toutes nos forces à manitoba, (nos douze paroisses) nous demandons l'amnistie, le gouvernement responsable nous réclamions et protestions contre le morcelement de nos 12 comtés, contre le gaspillage des revenus de la Province, je crois que nous emporterions la pièce. Je crois que nous gagnerions que les nouvelles élections provinciales se fassent dans nos 12 anciennes divisions électorales. Cher ami, en voilà une lettre n'est-ce pas? Auras-tu été assez patient pour la lire, au revoir. Mes respects à ta dame, mes souhaits à ton petit enfant. Ton ami, Louis Riel